Douleur oculaire : du fondamental à la clinique - 01/05/22
Ocular pain: From bench to bedside
Résumé |
Les douleurs oculaires chroniques sont très invalidantes et difficiles à traiter. Leurs mécanismes physiopathologiques demeurent de nos jours encore peu connus. La cornée est le tissu le plus densément innervé du corps humain avec une innervation 600 et 40 fois plus importante que celle de la peau et de la pulpe dentaire, respectivement. Une lésion des terminaisons nociceptives cornéennes s’accompagne de changements morphologiques et moléculaires de ces terminaisons libres, des neurones cornéens localisés dans le ganglion trigéminal, mais également au niveau du tronc cérébral (complexe sensitif du trijumeau) participant à la transmission nociceptive cornéenne. En outre, divers modèles précliniques de nociception cornéenne ont mis en exergue des dysfonctionnements dans ces voies anatomiques, notamment une sensibilisation périphérique (hyperactivité des neurones cornéens révélées en périphérie et au niveau ganglionnaire) et centrale (plasticité synaptique, hyperactivité des neurones de second ordre du complexe sensitif du trijumeau). Les interactions neuro-immunes façonnant l’excitabilité du système nerveux périphérique et central pourraient en être la cause. Récemment, des études pharmacologiques ont permis d’identifier et de valider des cibles thérapeutiques dans différents modèles précliniques de nociception cornéenne, ouvrant de nouvelles perspectives thérapeutiques. Dans cette revue, les données issues de la recherche fondamentale sont mises en perspective avec les données issues de la recherche clinique, illustrées notamment par l’exemple de la douleur consécutive à une sécheresse oculaire, une pathologie fréquemment rencontrée en ophtalmologie. Les outils actuellement utilisés en clinique pour évaluer la douleur oculaire, l’inflammation cornéenne ainsi que les critères morphologiques couramment utilisés pour quantifier les anomalies (densité, tortuosité, névrome) des nerfs cornéens en clinique seront décrits. Les différentes options thérapeutiques du patient présentant une sécheresse oculaire douloureuse seront également abordées. En conclusion, la recherche sur la douleur oculaire s’est accélérée ces dernières années, notamment grâce à une collaboration de plus en plus étroite entre chercheurs et cliniciens. L’amélioration de nos connaissances et donc du diagnostic des douleurs oculaires chroniques permettra une stratégie antalgique adaptée au profil de chaque patient.
El texto completo de este artículo está disponible en PDF.Summary |
Chronic ocular pain is very disabling and difficult to treat. Its pathophysiological mechanisms are still poorly understood. The cornea is the most densely innervated tissue in the human body, with an innervation 600 and 40 times higher than that of the skin and dental pulp, respectively. A lesion of corneal nociceptive free nerve endings results in morphological and molecular changes of these free endings, of the corneal neurons located in the trigeminal ganglion but also in brainstem structures (trigeminal sensory complex) involved in corneal nociceptive transmission. Furthermore, various preclinical models of corneal nociception have demonstrated dysfunctions in these anatomical pathways, including peripheral sensitization (hyperactivity of corneal nerves at the level of the terminals and the trigeminal ganglion) and central sensitization (synaptic plasticity, hyperactivity of second-order neurons of the trigeminal sensory complex). Neuroimmune interactions known to shape the excitability of the peripheral and central nervous systems may be the cause of such alterations. Recently, pharmacological studies have identified and validated novel therapeutic targets in different preclinical models of corneal nociception, opening new therapeutic perspectives. In this review, data from basic research are then put into perspective with clinical data, illustrated in particular by the example of dry-eye related pain, a frequent disease encountered in ophthalmological practice. The tools currently used in the clinic to evaluate ocular pain, corneal inflammation and the morphological criteria commonly used to quantify abnormalities (density, tortuosity, neuroma) of corneal nerves will be described. The various therapeutic options for the patient with painful dry eye will also be discussed. In conclusion, research on ocular pain has accelerated in recent years, due to a closer collaboration between researchers and clinicians. The better understanding of chronic ocular pain and therefore improved diagnosis will allow the development of better analgesic strategies tailored to the profile of each patient.
El texto completo de este artículo está disponible en PDF.Mots clés : Douleur oculaire, Cornée, Microscopie confocale in vivo, Neuroinflammation, Trigéminal, Sécheresse oculaire
Keywords : Ocular pain, Cornea, In vivo confocal microscopy, Neuroinflammation, Trigeminal, Dry eye
Esquema
Vol 23 - N° 2
P. 75-85 - avril 2022 Regresar al númeroBienvenido a EM-consulte, la referencia de los profesionales de la salud.
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